Issu d’un « Carnet de travail » tenu quotidiennement en écrivant, en peignant, en faisant répéter les acteurs, ce livre – conçu comme une suite aux six-cent seize notes de Pendant la matière (P.O.L, 1991) – tient sur quatre pieds comme une table ou un animal. Il se compose de quatre textes égaux : Demeure fragile, Le Débat avec l’espace, Devant la parole, Opérette réversible où s’affirme – à partir de la description d’une représentation de nô, d’une peinture de Piero della Francesca, d’une descente dans l’enfer de l’opérette,...
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Issu d’un « Carnet de travail » tenu quotidiennement en écrivant, en peignant, en faisant répéter les acteurs, ce livre – conçu comme une suite aux six-cent seize notes de Pendant la matière (P.O.L, 1991) – tient sur quatre pieds comme une table ou un animal. Il se compose de quatre textes égaux : Demeure fragile, Le Débat avec l’espace, Devant la parole, Opérette réversible où s’affirme – à partir de la description d’une représentation de nô, d’une peinture de Piero della Francesca, d’une descente dans l’enfer de l’opérette, d’une rumination du mot parole – que le temps ne va pas d’un trait, qu’il est un volume. Le réel s’y déplie. Et ce n’est pas par hasard que le mot temps, dans notre langue, porte un S.
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Amateurs d’auto-boxe transcendantale, réjouissez-vous !
Voici deux nouveaux livres de l’actuel champion du monde de cette nouvelle très ancienne discipline. Le combat oppose A. Nalyse, dit le Dissecteur, dit le Séparateur, dit l’Espaceur, dit les Mots, à Ceint Thèse, dit la Parole, dit le Réunisseur, dit le Théâtre. Un drapeau blanc annonce "Pas de quartier". Le rôle de l’arbitre pitre est tenu par Louis de Funès. Valère Novarina est sans doute déjà wikipédisé, voire robertisé comme auteur dramatique et peintre. Oui, mais il faudrait ajouter que c’est un poète qui pense, obsessionnellement, à notre étrange condition d’animaux oubliant sans cesse leur animalité ; un penseur philosophe, qui réfléchit à notre condition selon les filtres les plus absolus de l’Espace, du Temps, de la Parole, de l’Animalité, du Vide, du Théâtre, de la Négation, de la Vie ou de la Mort ; un philosophe théologien, qui a rettrouvé la logique cruelle et subtile de manifestation par l’absurde d’un dieu incompréhensible qui est l’essence mystique tragique du Christianisme ; un théologien de et par la folie, "morosophe".
L’auteur de quelques-unes des pièces les plus drôles qui aient été écrites au cours des dernières décennies (Le drame de la vie, L’opérette imaginaire, L’acte inconnu, et on retrouve dans L’Atelier volant le continuateur brillantissime de Ionesco et Tardieu) n’est ni un rigolo, ni un "humoriste" : plutôt de la famille spirituelle de Quignard, Danmal, Artaud, Ernst, Witkaey, Vachal, Klima, Jarry, Baudelaire, Poe ou, plus lontainement, Pascal et les maîtres du Tao. Comme ceux de ces "auteurs", ses livres font le vide en ramenant immédiatement à l’essentiel et en s’y tenant : ils accomplissent cet exploit toujours olus improbable de nous nettoyer de la non-pensée et de la vulgarité manichéenne de notre époque. Et les quatre essais réunis sous le titre du premier (Devant la parole, Opérette imaginaire, Le débat avec l’Espace, Demeure fragile) ont au plus haut point ce pouvoir.
Etienne Cornevin, Cahier critique de poésie, mars 2011.